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“ Cependant je veux pendant toute ma vie enlever des grains de sable dans l’espoir que le rocher un jour ou l’autre bougera “ Dieter Baumgart

 


 !  Le mot de la Présidente - 2007 -

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Le mot de la Présidente

De la prudence d'un engagement humanitaire

 

Voilà, voilà, on part en mission .
Vous vous dites : « enfin ! Je pars. Finalement : on m’a choisi… j’ai demandé, j’ai tant voulu… et on m’a choisi. Bon alors : c’est donc que parmi d’autres j’ai ma place. Le bon endroit: là; le bon élément: moi ! »


Nous engager dans l’humanitaire c’est prendre une route vers l’humanité ? vers l’homme, vers eux, vers l’autre ? Quel bel élan…voilà que vous partez, lestes et vifs, nez au vent…
Pourtant, pourtant: engagez vous dans l’action avec une froide lucidité; avant même l’action confrontez vous avec acuité avec vous-même…soyez perspicaces, soyez clairs, soyez sans concession; soyez prudents !
La prudence est une vertu; si, si c’est une vertu; l’une des principales, de plus. Vertu oubliée et oh ! combien indispensable dans notre action.
Attention donc: pas de défiance, mais des précautions. Pas de mauvais soupçons, mais de la simple prudence: elle va vous permettre, voyez-vous ça, de débattre correctement sur ce qui est bon pour celui-ci dans cette situation là; puis ensuite d’agir comme il convient.
C’est que, là-bas, dans l’action, lors de cette mission que vous avez tant attendue et tant voulue
( rappelez-vous, celle où vous avez votre place : là ; celle où vous devez être le bon élément. )
Eh bien là-bas, vous venez de découvrir un monde: autre, déroutant, fascinant, déstabilisant.
Prudence; écoutez nous.


La conviction sincère, la douceur de la compassion …ces mots, seuls, ce n’est rien ! Il faut savoir dépasser l’empathie et mettre une distance professionnelle, froide et indispensable devant les situations traumatisantes. La sincérité, nue, sans faille, le cœur qui s’emballe: c’est beau et sain…mais ce n’est pas toujours efficace; c’est parfois nuisible et létal… Pitié: ne jouez pas aux justiciers! car nous ne sommes pas sur place pour toujours, et nous ne rendons pas la justice…il suffit seulement de n’être jamais source d’injustice.
Il faut pouvoir à chaque souffrance réussir à apporter une variété de réponses: car elles sont souvent multiples, ces réponses; à nous de choisir la meilleure, au moment opportun. Chacun d’entre nous restant dans son domaine le point de référence, mais prêt à être, dans l’espace, complémentaire à la demande.
Vous ne saurez pas être efficace sans la circonspection.
On n’ « importe » pas la technique professionnelle, sans s’inscrire dans le cercle culturel, dans l’environnement social. Le travail aussi sert de vecteur culturel: il circule entre nous et eux avec tous ses débats, ses interrogations, ses incompréhensions, ses passions et ses irritations exacerbées. Certes il faut transférer nos savoir-faire vers ceux qui en ont besoin et qui nous sollicitent. Voilà pourquoi il est important d’être avec eux, auprès d’eux, parmi eux. Notre vocation est d’être au cœur des besoins, au cœur des populations.
Regardez, écoutez bien ce mot : « au cœur… » Il chantonne, il murmure tant de choses. Il est élégant et charmant. Fermez les yeux : il brille encore…


Pourtant, pourtant…ne sombrez pas dans l’angélisme; ce transfert-là n’a rien de neutre !
On m’a choisi? je suis là? Prudence, prudence, je suis danger: je véhicule par ma simple présence, ma simple apparence, mon simple mode de vie journalier ( et ce sans le vouloir, sans le savoir même ) je véhicule des valeurs, un système, une représentation, des images et un héritage historique que rien ni personne ne peut m’ôter.
Nous sommes d’un pays européen. Nous sommes en action ici, venus d’ailleurs.
Il ne suffit pas d’aimer; il ne suffit pas de les aimer pour bien faire !
Des réflexions ni nouvelles, ni simplistes: on n’est jamais à l’abri derrière les actes techniques, ils engagent l’humain. Ils engagent la personnalité individuelle de chacun qui se cachait derrière. Ouh! que nous avons du mal à rester de marbre derrière la douleur, la souffrance, derrière le manque. Alors vous vous exprimez; vous parlez, vous essayez de comprendre et de faire comprendre. En soi, c’est légitime, c’est même sain.
Pourtant, pourtant…
Pourtant nous acquérrons une dimension politique car nous voici porte-paroles! Et il ne s’agit pas d’avoir peur, ou d’être lâche. Mais comment acquérir la légitimité du témoignage.


On oppose souvent humanitaire et politique. Nous ne sommes pas des politiques, nous ne tenons pas non plus le « café du commerce », mais nous intervenons dans un militantisme citoyen et humaniste: donc nous nous tenons dans le politique.
Et devons nous oublier ce que nous sommes pour autant ?
S’il n’y a pas de politique humanitaire, il y a des politiques humaines et des humains humanitaires: engagés, altruistes, désintéressés, modestes …ah ! modestes.
Mais aussi des humanitaires neutres, « spécialisés », professionnels, impartiaux et solides…ah! solides.
Le mot humanitaire nous semble parfois récupéré, de façon outrageuse. Outrage pour nous oui, parfois; outrage pour eux certes, souvent.
Il n’existe pas une voie unique bien meilleure que l’autre, une seule route, un engagement type; il n’existe pas un modèle d’action rigidifié. Mais l’humanitaire au sein de notre association veut garder sa valeur, nous y tenons, sans échapper aux dilemmes éthiques qui parfois se posent.


Sachez donc garder la prudence avec l’amour. Cela n’interdit pas le risque, cela n’évite pas les dangers. N’êtes vous pas cette preuve là, qu’on peut vouloir de toute force le don de soi, l’amour de l’autre, la recherche d’une bascule en avant…mais ayez aussi de toute force l’intelligence des responsabilités.
Voyez: la bonne volonté, la bonne conscience, ce n’est pas suffisant. C’est une morale négligente! Il suffit de voir dans l’actualité.…

Savoir garder la prudence et l’offrande; mélangez bien les deux: écoutez le bruissement des deux; car s’il arrive un drame, qu’on aurait pu éviter, sans en être absolument responsable, en serions nous absolument innocents ?


Catherine
Présidente PPUN

A.G. du samedi 27 octobre 2007

 

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Prudence Petitpas de Maréchal